lundi 25 juillet 2011

Le cloud computing: grandeur et décadence des promesses d’un nouveau Web 2.0

Pour bien comprendre, il faut préalablement expliquer ce que signifie le concept fondateur, à savoir le « cloud computing ». Voici une introduction rapide des avantages et inconvénients de ce concept. Chaque nouvelle tendance apporte son lot de nouvelles valeurs. Ces valeurs, même si elles ne sont pas novatrices, recèle une force symbolique qu’il est nécessaire d’étudier pour comprendre le principe de ce concept.

Grandeur
Les promesses du « cloud computing » sont si charmeuses, qu’elles pourraient incarner la promesse historique (le graal en d’autre terme) de tout système informatique : faire plus avec moins.Voici une liste synthétique de ces promesses :


  • Simplification => accès et usage facile à utiliser

  • Multi-canal => identique quelque soit l’OS (operating system) ou le terminal

  • Nomade => pas de contrainte géographique

  • Économique => les ressources sont mutualisées

  • Sécurité => les données sont fortement sauvegardées

  • Réactivité => installation et licence instantanées

  • Hautement collaboratif => on s’affranchie des soucis réseaux et logiciel

  • Facturation à l’usage => nul besoin d’investir lourdement pour débuter

Le florilège des promesses associées à ce nouveau concept peut s’apparenter à une lettre au père Noël qu’aurait écrit un DSI en fin d’année après une nuit bien arrosée. Autant le concept du Web 2.0 a fait long feu par l’abus d’idées abstraites et difficiles à convertir en avantages concrets, autant le « cloud » parvient à captiver les esprits les plus pragmatiques. Mais comme en toute chose, une série d’inconvénients existe.

Décadence
Le monde de l’information toujours en mouvement ne parvient pas à se contenter de capitaliser les concepts déjà en place, mais recherche constamment à reconstruire l’existant. Les SI, les clients, les commerçants, la société, et internet en général exigent d’avoir régulièrement une révolution à envisager. Il n’est pas impossible que le « cloud » soit l’un de ces concepts porteurs mais éphémères, que de nombreux acteurs de l’informatique et de l’internet porte au pinacle pour vendre toujours plus de services et de produits. Pour étayer cette thèse, voici une série d’écueils que le « cloud » représente aux yeux du grand public :


  • Dématérialisation => Renoncer à une représentation physique des choses est toujours difficile

  • Globalisation => fonctions et fournisseurs banalisées, les spécificités nationales sont gommées

  • Respect de la vie privée => le mythe de Big Brother

  • Moins de concurrence => les investissements nécessaires réduisent les acteurs

  • Innovation => les contraintes techniques brident les fonctions

  • Bridage off-line => obligation d’être connecté pour profiter de toutes les fonctions

  • Beaucoup de marketing => promesses parfois abstraites

  • La peur du « big bug » => gmail a expérimenté dernièrement une série de petits bugs.

L’internet lui-même n’est pas à l’abri d’une grand-mère géorgienne armée d’une pioche (l’Armenie fut privé d’internet le 28 mars dans ces circonstances)
Il faut ajouter un écueil important mais moins évident : la fausse promesse d’économie de ressource. Le cloud est théoriquement conçu pour optimiser les ressources humaines (en termes de développement et de maintenance), et en termes d’énergie (technologie verte). Ces deux points sont malheureusement faux dans la plupart des cas, car les ‘fermes de serveurs informatiques’ (data-center pratiquant massivement la virtualisation logicielle) des grands groupes comme Google consomment en réalité des quantités dantesques d’énergie, car ces systèmes sont construit pour répondre pendant toute la journée à 2 ou 3 fois le pic d’usage d’une journée, ces pics étant eux-mêmes très chaotiques, et donc très supérieurs à la consommation moyenne. On estime à 10W (une heure d’ampoule basse consommation) la consommation électrique dédiée à une simple recherche google. De plus les ressources humaines mis en jeux sont difficiles à rentabiliser dans la plupart des cas, sauf pour les plus grands acteurs de l’internet (ebay, amazon et autre facebook). Pour les autres (la très grande majorité), l’investissement important et de la maintenance continuelle que cela implique peuvent s’avérer ruineux.

En résumé :
ne pas oublier les fondamentaux avant de se lancer dans le « cloud ». Le brouillard du vaporware n'est jamais très loin quant on parle de cloud.

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